Photowatt : Une solution franco-française serait souhaitée par le gouvernement

La remise des offres pour la reprise de Photowatt est fixée à au vendredi 13 janvier. A ce jour, une quinzaine de repreneurs aurait d’ores et déjà marqué quelques signes d’intérêt pour l’entreprise de Bourgoin-Jallieu. L’Etat verrait d’un bon Å“il une solution franco-française.

« Franchement, la bonne nouvelle, c’est de voir que Photowatt est autant convoité. Nous comptons en effet dix-sept repreneurs potentiels, français et étrangers, qui sont, soit de purs players photovoltaïques, soit des entreprises liées aux énergies renouvelables. Pour l’heure, nous n’avons pas de candidats qui seraient des fonds purs déconnectés du sujet » confie Vincent Bès, le nouveau directeur général de Photowatt qui n’arrête pas depuis quelques semaines de faire visiter le site de production et de vanter son potentiel. La dynamique semble bien enclenchée. Elle a seulement été troublée en début de semaine par une annonce de la ministre de l’écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, à propos d’une histoire de brevets dont la propriété intellectuelle échapperait à Photowatt. « L’Etat est prêt à aider Photowatt, mais il y a un problème de propriété des brevets chez Photowatt, a-t-elle dit sur RMC et BFM-TV. « Aucun problème autour des brevets » entend-on du côté de Bourgoin-Jallieu. Pourquoi alors une telle déclaration en pleines tractations ? Un expert du secteur y voit un message subliminal lancé par le gouvernement à l’attention de possibles repreneurs étrangers. Nathalie Kosciusko-Morizot a d’ailleurs précisé lors de cette même interview qu’elle était favorable à ce que l’Etat investisse de l’argent dans le solaire, qui est l’argent des Français, mais pour qu’il revienne vers les Français. Allusion faite à PV Alliance, cette structure de R&D qui compte 113 salariés et qui est propriété de Photowatt à 40% mais aussi d’EDF ENR à 40% et de l’INES-CEA à 20%. « L’Etat finance très largement l’INES et donc la R&D de PV Alliance aujourd’hui et verrait d’un mauvais Å“il une prise de pouvoir d’un concurrent asiatique sur ce savoir-faire technologique reconnu mondialement. L’Etat pourrait ainsi trouver certaines solutions de reprise inacceptables et même bloquer un repreneur » poursuit une source proche du dossier qui espère toutefois voir se dérouler le processus en bonne intelligence.

En tous les cas, en France, Photowatt ne laisse pas indifférent. La société lyonnaise Solarezo en quête de savoir-faire amont (lingot, wafer, cellule) ne cache pas, par exemple, son intérêt pour Photowatt. « Nous nous positionnons sur la reprise de Photowatt, acteur historique s’il en est, pour assurer la structuration de la filière photovoltaïque française. Cette démarche se situe dans la droite ligne de notre stratégie d’entreprise depuis le début. Il s’agit là d’une occasion unique pour réaliser un mariage de circonstance, pour créer une entreprise franco-française verticalement intégrée. Je suis persuadé que cela peut fonctionner » assure Laurent Giraud, le PDG de la société. Solarezo dispose déjà d’une unité de production de modules très automatisée de 75 MW dans les Landes au sein d’une ancienne usine Sony. A travers cette expérience landaise, Laurent Giraud et son staff ont acquis une solide expérience en matière de reprise d’usine mais aussi une bonne expertise de l’activité photovoltaïque. « On sait gérer ce type de situation. C’est pourquoi aujourd’hui, nous sommes en mesure de proposer une offre qui garantisse la pérennité de l’emploi et de l’activité chez Photowatt » poursuit le chef d’entreprise. Mais Laurent Giraud a-t-il les moyens de son ambition alors que la crise mondiale du photovoltaïque laisse de nombreuses entreprises sur le carreau à l’heure actuelle ? « Nous avons en tous les cas les moyens de créer des synergies très fortes entre nous et de valoriser nos savoir-faire communs. Vous savez Solarezo dispose aujourd’hui d’une force commerciale de tout premier plan avec la création de sociétés communes à l’étranger, au Maroc, en Inde et bientôt au Brésil. Nous réalisons un premier chantier en Bulgarie de plusieurs millions d’euros. Le marché mondial est gigantesque » conclut-il. Après le dépôt des offres le 13 janvier prochain, le juge tranchera !

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