Photovoltaïque : Avis d’expert, Stéphane Maureau, président-fondateur d’Evasol

CONFERENCE ENVIRONNEMENTALE DES 14 ET 15 SEPTEMBRE 2012 :
ENJEUX ET ATTENTES POUR LA FILIERE PHOTOVOLTAÏQUE FRANÇAISE

La conférence environnementale, pilotée par le Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, doit engager la mutation vers un nouveau modèle de développement durable. Elle ouvrira dans quelques jours un débat national dont l’objectif est de relancer la thématique écologique autour de deux grands chantiers prioritaires : « la transition énergétique, qui fera l’objet en 2013 d’un projet de loi de programmation » et « la définition de la méthode et des objectifs des débats sur la biodiversité, qui devrait déboucher elle sur une loi-cadre en 2013 ».

Cette conférence, qui réunira les représentants de l’Etat, les ONG, les syndicats de salariés et d’employeurs, les élus locaux et les parlementaires, suscite de nombreuses questions et de nombreux espoirs chez les différents acteurs des filières industrielles « laissées pour compte » depuis les retournements de situation règlementaires initiés il y a bientôt deux ans. A ce titre, la filière photovoltaïque française, sinistrée par le moratoire décrété en 2010, se met en ordre de marche afin d’exposer ses attentes, ses craintes et ses propositions de résolutions.

Stéphane Maureau, président-fondateur d’EVASOL, premier installateur pour les particuliers de solutions pour les économies d’énergie, tient à attirer l’attention des pouvoirs publics sur les conditions de redéploiement d’une filière photovoltaïque dynamique et compétitive : « il est encore possible de relancer une filière industrielle photovoltaïque française à condition de lui offrir la possibilité de se développer sur un marché qui ne privilégiera pas systématiquement les produits à moindre coût ».

Décryptage

QUELS SONT LES ATOUTS DONT BENEFICIE LE SEGMENT PHOTOVOLTAÏQUE RESIDENTIEL FRANÇAIS POUR RELANCER LA DYNAMIQUE ?

A l’occasion de cette conférence environnementale, devrait être souligné l’ensemble des atouts dont dispose le marché PV résidentiel français qui devraient être érigés en priorité pour la relance du secteur et la mutation vers la transition énergétique.

Identification des sept leviers positifs essentiels à la redynamisation du marché, selon Stéphane Maureau:

1. Les modules d’origine française peuvent prendre des parts de marché même s’ils sont un peu plus chers dans la mesure où ces modules représentent seulement 15% du prix de vente d’une installation résidentielle complète. Aussi, ce léger surcoût d’un module français se dilue facilement dans le coût global d’une installation clés en main.
2. Les clients « particuliers » du segment résidentiel sont très sensibles à l’argument « produit fabriqué en France » ; inversement les investisseurs de grandes centrales PV ont une vision davantage liée au taux de rendement financier optimal qui favorise souvent les produits asiatiques.
3. Il reste de nombreux marchés à conquérir à l’international sur la base de solutions innovantes, notamment dans le domaine de l’intégration de modules au bâtiment (BIPV = Building-integrated Photovoltaics) : il n’est pas encore trop tard pour se lancer dans les solutions BIPV qui convaincront les industriels du secteur PV ainsi que les acteurs connexes du domaine de la construction.
4. Le segment résidentiel est générateur d’emplois non délocalisable, principalement liés aux travaux d’installation.
5. Il existe une véritable synergie entre le marché PV et celui des économies d’énergie dans l’habitat : ces deux marchés pourront bénéficier d’une nouvelle dynamique si l’on encourage la réalisation de bouquets de travaux « Photovoltaïque + Isolation ».
6. Le segment résidentiel est naturellement composé d’un nombre important de petits projets, aussi il présente un risque spéculatif davantage maîtrisé car le secteur est peu susceptible de connaître une croissance explosive débouchant sur une bulle incontrôlée.
7. L’énergie photovoltaïque présente un atout précieux : elle permet de produire de l’électricité directement sur le lieu de consommation, ce qui permet d’éviter les pertes d’énergie liées au transport. C’est en installant des panneaux solaires sur le toit des maisons que l’on peut bénéficier au mieux de cet avantage.

QUELLES SONT LES PREMIERES MESURES CONCRETES A METTRE EN Å’UVRE ?

Il est nécessaire de mettre rapidement en place des mesures afin de pouvoir redorer le blason de la filière et inciter les particuliers à faire le choix du photovoltaïque à nouveau.

4 grands axes de résolutions concrètes, selon Stéphane Maureau:

1. Il est indispensable de mener une communication positive sur l’énergie photovoltaïque auprès du grand public afin d’encourager les propriétaires de résidences à effectuer des bouquets de travaux d’amélioration énergétique de leur habitat.
2. Afin d’impulser une nouvelle dynamique auprès des foyers modestes, actuellement découragés par le coût du crédit à la consommation, il est primordial de rendre le photovoltaïque éligible à l’éco-prêt à taux zéro.
3. Il est capital de stabiliser les tarifs d’achat du kilowattheure (kWh) photovoltaïque et de mettre un terme à l’évolution trimestrielle des tarifs qui est à l’origine d’une instabilité ingérable pour les professionnels du secteur.
4. Promouvoir un « small business act » sur le secteur photovoltaïque afin de s’assurer que les grands groupes n’adoptent pas des positions abusives est une nécessité. La construction d’une filière pérenne doit inévitablement passer par la création d’un tissu fort de PME innovantes qui deviendront les ETI de demain, exportatrices et créatrices d’emplois.

« Les PME françaises sont capables de déployer de fortes dynamiques industrielles et commerciales, mais aussi de développer rapidement des innovations pertinentes, les conduisant à exporter dès 2014 si, et seulement si, les décisions prises à court terme leur permettent de se maintenir en activité sur l’année à venir », conclut Stéphane Maureau.
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