La chaleur solaire au service de la transition énergétique

Le rendez-vous annuel de la filière française du solaire thermique s’est déroulé le 20 octobre dernier à Nantes pour son édition 2015 labélisée COP21. Ce temps fort de la filière qui souhaite participer pleinement à la transition énergétique avec la valorisation de la chaleur solaire performante, a réuni près de 130 personnes. Entre constat d’une conjoncture difficile et analyse de fondamentaux solides qui sont autant de motifs de croire à une sortie de crise. Explications !

On ne peut pas dire que le marché du solaire thermique vive une époque florissante en France. Il doit faire face actuellement à un alignement des planètes pas vraiment favorable. Les Etats Généraux de la Chaleur solaire 2015 qui se sont tenus à Nantes fin octobre ont été l’occasion de rappeler les raisons d’un marché toujours en décroissance et d’une telle morosité : le prix de l’énergie fossile revue à la baisse, le monde du bâtiment en berne qui plombe les projets collectifs et une Réglementation Thermique (RT) qui fait que le solaire thermique est mal considéré par rapport au référentiel en énergie primaire. « Le calcul réglementaire nous désavantage de 30%. Il y a une mauvaise prise en compte de la productivité réelle qui met en lumière un désavantage compétitif par rapport aux qualités intrinsèques de cette technologie solaire. S’il on ajoute à cela le droit à surconsommer dans le collectif, cela devient très compliqué pour nous » vitupère Richard Loyen, délégué général du syndicat Enerplan, des professionnels du solaire. Enerplan travaille ainsi auprès des services du CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment) pour faire évoluer cette réglementation dirimante.

« Nous ciblons le zéro défaut pour faire revenir la confiance des maîtres d’ouvrage »

Le constat est donc sans appel. Les voyants sont au rouge. Et pourtant, les motifs d’espoir sont légions et les Etats Généraux ont été la tribune idéale pour le rappeler. La filière du solaire thermique a la capacité d’apporter des solutions adaptées à une société bas carbone, pour lutter efficacement contre le changement climatique, en substituant de l’énergie fossile par des calories solaires et contribuer ainsi efficacement à la transition énergétique. Car les fondamentaux sont bons. L’industrie française exportatrice, produit trois fois le marché national. « Nous fabriquons des produits de qualité et disposons de fortes compétences avec plus de 2000 installateurs qualifiés Qualisol et une filière mobilisée pour le collectif avec la plateforme SOCOL. La technique est fiable et mature avec une puissance instantanée qui dépasse 700W/m² de capteur pour une productivité annuelle qui dépasse souvent 500 kWh/m². En fait, nous ciblons le zéro défaut en termes de qualité, et ce, pour faire revenir la confiance des maîtres d’ouvrage » poursuit Richard Loyen. La filière veut éradiquer les contre référencements qui ont longtemps nui à son image. Et autant dire qu’elle est sur la bonne voie.

« Il faut ré enchanter l’eau chaude solaire »

Quid du coût des systèmes ? Là aussi, la filière travaille à les faire baisser. En collectif, un investissement aujourd’hui compris entre 1 et 1,5€ HT/m² de capteur (hors aide) pour assurer 1 Kwh gratuit, est en baisse de 25 à 50% depuis 2009. Le coût des systèmes solaires (CESI et SSC) sont également en baisse de 20 à 25% ces cinq dernières années. « Nous n’avons pas de problème de compétitivité intrinsèque. Les projets en collectif peuvent être financés jusqu’à hauteur de 80% avec le soutien du Fonds Chaleur drivé par l’Ademe. Notre problème serait davantage un problème d’appétence du marché pour cette technologie. Il faut ré-enchanter l’eau chaude solaire. Pour ce faire, nous n’oublions pas l’innovation avec des solutions smarts digitales de suivi et de monitoring, de plug and flow, d’objets connectés et pilotables pour donner un côté sexy geek aux produits. Et, ne nous trompons pas, le poste eau chaude sanitaire est un poste qui ne baisse pas le budget des ménages. Nous tenons là un vrai principe de réalité » analyse Richard Loyen.

Le solaire thermique est la solution par excellence pour l’autoconsommation

L’avenir du solaire thermique se joue dans le bâtiment. Les solutions solaires sont ainsi parfaitement adaptées au cÅ“ur des besoins de l’habitat : la production d’eau chaude solaire à haut rendement est particulièrement efficace pour le BEPOS et la rénovation énergétique à haute performance. Les solutions solaires apparaissent comme pertinentes pour contribuer à la baisse des consommations d’énergie fossile dans l’existant, pour l’ECS et le chauffage. Et que dire de l’autoconsommation ? Le solaire thermique s’impose comme la solution par excellence pour l’autoconsommation avec stockage thermique sur plusieurs jours./ Sans oublier l’hybridation en cours pour de nouveaux procédés : solaire+gaz ; solaire thermique+PV, solaire+biomasse, solaire+PAC qui commenecnt à prendre une vraie consistance sur le marché. « Alors que la filière compte aujourd’hui un peu moins de 4000 emplois (directs et indirects), elle pourrait créer 12 à 18 000 emplois d’ici 2023 » s’enthousiasme Richard Loyen. Le potentiel est là.

Encadrés

La place de la chaleur solaire dans la Programmation Pluriannuelle de l’Energie, la vision d’Enerplan et d’Uniclima

En résidentiel individuel – rénovation et neuf alors que 350 000 maisons sont aujourd’hui équipées de solaire thermique avec moins de 20 000 systèmes installés / an, deux scénarios raisonnables et ambitieux – visent l’équipement de 100 000 à 200 000 maisons d’ici à 2023, avec un marché annuel de l’ordre de 100 000 m² (70 MWth) à 160 000 m² (112 MWth) à cette échéance
Pour la chaleur solaire collective, l’ambition est de retrouver un marché annuel de 150 à 200 000 m² dès 2018, pour atteindre avec un scénario volontariste de 500 000 m² en 2023 (350 MWth)

Un accompagnement ADEME adapté

Avec l’Appel A Projet Grandes installations en solaire thermique collectif lancé début 2015, l’Ademe cible les projets (300m² minimum) dans l’habitat, la santé, l’industrie, le tertiaire et l’agro-alimentaire ainsi que ceux qui couplent l’énergie solaire thermique aux réseaux de chaleur (500 m² et plus). Ces dossiers bénéficient d’un accompagnement financé au cas par cas, selon l’analyse économique spécifique au projet.
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