Au cÅ“ur de l’été et pour les 25 ans de Savoie-Tecnnolac, l’Ecole Nationale Supérieure d’Arts et Métiers (ENSAM) installée sur le site en a profité pour inaugurer sa centrale solaire photovoltaïque sur toiture inversée conçue par la société Everbat. 670 m² de capteurs QSmart CIGS couches minces pour une puissance de 77 kWc. Il s’agit là de la première installation raccordée au réseau de la technopole. Comme un paradoxe dans l’antre du solaire français, à deux pas de l’INES !
Il était temps. Voilà , c’est fait. Le site de Savoie-Technolac dispose désormais d’une centrale solaire intégrée au bâtiment raccordée au réseau, la première du genre dans un remake de l’histoire du cordonnier mal chaussé. Quand on sait que ce site, ce Solar Innovation Campus, accueille l’Institut National de l’Energie Solaire et d’autres entreprises du secteur solaire et compte on ne sait combien d’ingénieurs, de chercheurs, de techniciens et de bancs d’essais de modules utiles à l’expérimentation ! Il y a avait comme un hic. L’anomalie est à présent réparée. On doit donc cette première à l’Institut Arts et Métiers ParisTech (ENSAM) de Chambéry. La toiture solaire a été inaugurée dans le cadre des 25 ans de Savoie Technolac en présence de Jean‐Pierre Vial, sénateur et président de Savoie Technolac et Hervé Gaymard, député et président du Conseil Général de Savoie.
Une production 25% supérieure aux besoins électriques de l’Institut
Le bâtiment de l’ENSAM a été conçu en 1994 sur la base d’un parti pris architectural fort, autour du minéral, du béton, de l’acier et du verre. Il est coiffé d’une sur toiture inversée en inox. L’architecte du projet a eu ses exigences en matière d’intégration de la centrale solaire afin de garantir l’esprit et la légèreté du lieu. « Ceci nous a conduit a opté pour des capteurs les plus fins possible à savoir des capteurs couches minces CIGS Q-Smart de marque Q-Cells avec des rappels sous face miroir en inox. Nous avons enlevé une partie des pare-alu existants pour trouver le juste équilibre. Les capteurs ont été fixés sur des IPE 300 renforcés par quelques câbles pour parfaire la tenue au vent. Ce renfort de structure a pesé sur la facture finale » indique Pierre-Louis Billot, directeur agence Rhône-Alpes Auvergne EVERBAT, la filiale d’EDF en charge des travaux. Et autant le dire, le résultat est probant. L’intégration est réussie. L’ombre apportée par les panneaux contribue par ailleurs très largement au confort d’été des salles de cours situées au dernier étage. « On peut estimer un bond de 50% de la climatisation naturelle grâce à nos ombrières solaires. A l’intérieur des salles, le ressenti est favorable » poursuit Pierre-Louis Billot. Les 670m² de panneaux hybrides couches minces d’une puissance totale de 77 kWc en continu produisent en moyenne sur l’année 80 000 kWh. Réinjectée dans le réseau, la production couvre 25 % de plus que l’intégralité des besoins en énergie de l’Institut qui s’élève à 64 000 kWh. Au petit jeu des comparaisons, cette centrale répond également aux besoins électriques de 32 logements hors chauffage. Côté CO La mise en service de la centrale photovoltaïque évitera de rejeter 27 tonnes d’équivalent CO2, elle permet d’éviter 27,2 tonnes de rejet selon la norme européenne estimée à 340 g par kWh produit. Ainsi tous les ans, la centrale va-t-elle contribuer à l’effort de réduction de l’empreinte carbone de l’Institut, certifié ISO 14001.
Concession de travaux publics dans une vision de long terme
Au-delà de l’intégration architecturale et de la technologie photovoltaïque à mettre en place, cette installation recelait une autre forme de complexité. Juridique celle-là . L’ENSAM n’était en capacité d’installer sur son toit une telle centrale que par le biais d’une concession de travaux publics via appel à projet. L’exploitation a ainsi été concédée pour 20 ans au tarif de 46 centimes d’euro à un groupement d’entreprises Hygie Solaire et Everbat, filiale d’EDF, qui a investi 400 000€ dans le projet. La SAS Hygie Solaire (5 millions d’euros de comptes courants), créée fin 2008, est dirigée par des professionnels issus de l’immobilier et de la promotion. Ces dernières années, la société a glané ainsi quelques appels d’offres pour l’installation de centrales photovoltaïques sur des bâtiments à vocation publique comme l’ENSAM ou encore l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées à Champs sur Marne. « Nous disposons à ce jour de huit centrales qui tournent en intégration. En 2012, nous allons réaliser 2 MW. Nous avons également un projet de 500 kWc de trackers au sol. Sur le plan de l’opérationnel, nous avons un partenariat privilégié avec Everbat. Nous achetons le matériel, ils le mettent en Å“uvre. Le binôme fonctionne bien » estime Frédéric Lacarelle, directeur général d’Hygie Solaire, qui ne semble pas si décontenancé que cela sur le contexte actuel du solaire photovoltaïque. Il poursuit : « Dans l’immobilier, nous sommes habitués aux cycles longs. Nous sommes entrés dans le solaire avec cette vision long terme qui transcende la crise actuelle. Nous sommes notamment en contact avec de nombreux promoteurs nationaux qui doivent se mettre à la page du BBC et du BePOS qui doivent construire des toitures énergétiques qui renchérissent le prix déjà cher du m². Ils sont nombreux à vouloir extraire le photovoltaïque pour le faire porter par un tiers investisseur. Hygie Solaire se positionne donc sur ce créneau, avec un esprit de qualité quitte à rogner la rentabilité. Notre objectif est de réaliser environ 3 MW par an pour un rythme annuel d’investissement de 10 à 15 millions d’euros » confirme le jeune chef d’entreprise. Sur les incertitudes liées à la rentabilité, Frédéric Lacarelle évoque des durées de vie de centrales de plus de 20 ans dans le cadre d’une maintenance préventive et curative efficiente, le tout dans une conjoncture où les prix de l’électricité ne feront que grimper. Avec un regard long terme porté sur le photovoltaïque, Hygie Solaire illumine son avenir et celui de Savoie-Technolac !
L’installation en chiffres
Structure secondaire de 240 tubes galvanisés
Supports modules inclinés à 5°, orientés Sud
700 modules CIGS couche mince (QSmart UFL 110 Wc)
9 onduleurs (SMA 7000 HV)
3 kilomètres de câblage
Production moyenne annuelle : 80.000 kWh
Quid d’Everbat ?
Filiale d’EDF crée en 2004, Everbat dont le siège est situé à Nanterre compte une vingtaine de salariés et fait travailler régulièrement une centaine de sous-traitants. Elle est spécialisée dans le montage complexe d’installations photovoltaïques intégrées à forte valeur ajoutée. Sur ces trois dernières années, Everbat a réalisé plusieurs dizaines d’installations pour une puissance cumulée de 3,26 MWc toujours en B to B. Une installation emblématique : Une centrale photovoltaïque de 36 kWc en façade sur la centrale hydroélectrique Drac inférieur à Echirolles dans l’Isère. De quoi renforcer la vocation développement durable du site !