A Ussel, en Corrèze, l’abattoir municipal construit tout en longueur a vu son toit terrasse être recouvert de 250 m² de capteurs solaires thermiques De Dietrich. Une installation pertinente sur un plan économique au vu de la forte consommation d’eau chaude du bâtiment. Ce système solaire répond, par ailleurs, à une volonté environnementale gravée dans le marbre de l’agenda 21 de la commune. Explications !
Ussel, sous-préfecture rurale de Corrèze à cent kilomètres de Brive et de Limoges, un peu au milieu de nulle part. La qualité de vie y est primordiale. L’environnement, source de vie des habitants, est une richesse qui doit être préservée. Un Agenda 21 fixe d’ailleurs les bonnes pratiques à tenir pour respecter les écosystèmes. A Ussel, l’économie est basée sur la filière de l’élevage. Pour les éleveurs, l’abattoir soumis à délégation de service public est un sanctuaire qui emploie par ailleurs plusieurs dizaines de personnes. Sa survie était conditionnée à une mise en conformité par rapport au nouveau classement mis en place.
250 m² de capteurs
Investissement : 2,5 millions d’euros au total. « La modernisation de l’outil nous a permis de rénover les files d’abattage et la partie boucherie porcins/ovins mais aussi de mettre en place des pièges d’abattage rituel dont le marché présente de forts débouchés potentiels. Nous avons également profité de l’occasion pour inclure des énergies vertes dans le projet en adéquation avec les préconisations de l’Agenda 21 de la commune » indique Olivier Loutrat, le directeur du patrimoine de la ville d’Ussel. L’Ademe et la Région Limousin ont financé l’étude de faisabilité. Avec succès et pertinence ! Tout part d’un constat. Les activités d’abattage sont très consommatrices d’eau chaude. En effet, toutes les viandes qui sortent des abattoirs doivent être lavées à chaud. A cela s’ajoutent des besoins en boyauderie, triperie et lavage des cuirs. Sans oublier bien sûr l’hygiène qui pèse pour 80% des besoins en eau chaude. Dans ce contexte, une installation d’eau chaude solaire sanitaire s’imposait. 250 m² de capteurs De Dietrich ont donc été installés sur toit-terrasse plein sud avec une inclinaison de 30°. Le stockage de 16 000 litres est assurée par deux ballons extérieurs de 8000 litres chacun. L’appoint est assuré par un producteur gaz naturel de 12 m.
L’auto-vidangeable, l’alliée des week-ends sans puisage
Du lundi au vendredi, l’abattoir d’Ussel consomme chaque jour jusqu’à 19 m d’eau chaude entre 70 et 80°C. Un volume important ! Quid de l’eau chaude les samedis et dimanches de l’été lorsque l’abattoir demeure portes closes ? L’installation ne craint-elle pas la surchauffe ? Louis Casals du bureau d’études Tecsol qui a réalisé la maîtrise d’Å“uvre du projet a sa petite idée sur la question : « Cette problématique de deux jours sans activité se gère sans problème grâce à la technologie de l’auto-vidangeable ou drain back. A partir d’une certaine température, lorsque personne ne vient puiser de l’eau chaude dans le système, ce dernier se met en stand-by et le fluide caloporteur vient se stocker dans un ballon calibré à cet effet. Pas besoin d’occulter les capteurs ou de réaliser une quelconque manipulation. Les surchauffes sont évitées » analyse finement l’ingénieur spécialiste ès solaire thermique.
40% des besoins satisfaits
En fait, l’installation solaire thermique permet de combler environ 40% des besoins en eau chaude de l’abattoir. De quoi générer une économie annuelle de près de 12 000 euros pour un investissement total de 235 300 euros largement financé avec l’appui des fonds européens ! Le temps de retour n’excède pas les dix ans. Le Groupement des Usagers de l’Abattoir d’Ussel (GUAU) à savoir les éleveurs qui ont Délégation de Service Public profite de cette installation. A bon escient ! Forte de cette première expérience solaire réussie, la commune s’est penchée sur les cas de la piscine municipale et la maison de santé. Elle a d’ores et déjà lancé les appels d’offres pour recruter la maîtrise d’Å“uvre. « Là encore, ces deux projets font partie intégrante de l’Agenda 21. Dans ce cadre, le solaire thermique participe activement de la valorisation du patrimoine et à l’optimisation de son fonctionnement dans un environnement préservé » conclut Olivier Loutrat.