Fondation Chirac : Quand l’engagement social rejoint la préoccupation environnementale

Implantée en Corrèze, Creuse, Cantal et depuis le 1er janvier 2012 au Puy de Dôme, la Fondation Jacques Chirac représente une véritable institution qui accueille plus d’un millier de personnes en situation de handicap et emploie huit cent salariés sur neuf sites. Consciente de son rôle à la fois social mais aussi environnemental, elle s’est lancée dans un programme d’optimisation énergétique de ces centres d’accueil. Dans la palette des solutions : Le solaire thermique !

Spécialisée dans l’accueil et l’accompagnement des personnes en situation de handicap depuis 1968, la fondation Jacques Chirac, autrefois Association des Centres Educatifs de la Haute-Corrèze et devenue Fondation en 2006, dispose d’un parc foncier bâti de grande importance réparti sur neuf sites. Sur ces ensembles immobiliers, la problématique énergétique est prégnante d’autant que l’association a intégré dans son mode de fonctionnement les notions d’économies d’énergie et de préservation de la planète. Entre efficacité énergétique et recherche de solutions renouvelables !

Première expérience concluante mais

En 2001, le Plan Soleil offre de belles opportunités solaires aux maîtres d’ouvrage. Encouragée par les incitations répétées du gestionnaire Dalkia, A l’époque, les responsables de la Fondation accueillent l’idée du solaire avec l’ouverture d’esprit qui sied aux gens de devoir. Il faut dire qu’à l’époque, le financement était assuré à plus de 85% par l’Ademe et la Région Limousin avec des temps de retour proches des trois ans. Voilà qui avait de quoi attirer les plus sceptiques des investisseurs. « Vu la faiblesse du risque, nous n’avons pas hésité sur la démarche » confirme Yvan Calvignac. Le site choisi sera donc le centre d’accueil-Institut Médico-Educatif (IME) de Peyrelevade. 126 m² de capteurs Giordano seront installés sur la toiture du centre couplés à un volume de stockage de 8 000 litres. Les apports solaires annuels de l’ordre de 83 000 kWh représentent un peu plus de 35% des besoins de l’établissement qui s’élèvent chaque année à 234 000 kWh. Les économies réalisées tournent autour de 4000 euros HT par an. Sur le plan environnemental, le solaire s’est substitué au fioul domestique et a permis d’éviter le rejet de 38,6 tonnes de CO2 chaque année dans l’atmosphère. Une belle et bonne opération pour une première expérience réussie ! Sur sa lancée, la fondation a souhaité poursuivre l’aventure solaire sur deux autres sites et notamment sur un site neuf en construction, la Résidence du Lac toujours à Peyrelevade, en intégrant le solaire dès la conception. « Hélas, les conditions n’étaient plus les mêmes, l’Ademe et la Région se désengageant un peu du solaire. Les temps de retour dépassaient les quinze ans. De plus, nous avions des problèmes de contraintes architecturales avec les ABF qui nous ont imposé de construire avec des matériaux nobles, pierres apparentes en façade, zinc et ardoises sur le toit. Le choix du solaire a ainsi été occulté des années durant » déplore Michel Vergne, l’actuel directeur général adjoint.

Un bâtiment qui se prête bien au solaire thermique

La fondation Jacques Chirac n’en a pas, pour autant, délaissé sa conscience environnementale. Elle a équipé certains de ces établissements de géothermie à forage vertical à des profondeurs entre cinquante et cent mètres suivant les cas. De quoi apprécier les planchers chauffants à basse température très confortable ! « Exit aussi les radiateurs. Cela nous permet également de dégager de la surface et de limiter le risque de dégradations » reconnaît le directeur adjoint. La Fondation a aussi fait le choix avec Dalkia de greffer un établissement sur un réseau de chaleur avec chaufferie centrale bois et relais fioul. Autant d’expériences concluantes ! En 2007, dans le cadre d’une rénovation du CAT La Saule à Bort Les Orgues en Corrèze, la fondation Jacques Chirac réinvestira dans le solaire thermique après quelques tentatives avortées et études de faisabilité sans lendemain. « Le site de Bort Les Orgues qui héberge quatre-vingt personnes se prêtait bien à cela. Il dispose d’une toiture terrasse bien exposée. Les conditions étaient réunies pour réaliser une belle installation » analyse Louis Casals du bureau d’études Tecsol qui opte pour une solution autovidangeable à échangeur externe de 70 kW. 93,2 m² de capteurs Viessmann sont ainsi implantés sur la toiture-terrasse couplés à deux ballons de 2500 litres. L’appoint est assuré en hiver par le gaz naturel et en été par de l’électrique. Avec une production solaire annuelle de 58 096 kWh, l’installation couvre 47% des besoins utiles pour l’hébergement et la restauration sur le site. Un apport intéressant ! Cette installation de Bort Les Orgues est opérationnelle depuis début 2008,

Le solaire thermique pertinent pour des activités de lingerie/buanderie

Forte de cette expérience réussie, la fondation Jacques Chirac a lancé de nouvelles études de faisabilité solaires. « Ces études ne concernent pas cette fois les besoins pour l’hébergement ou la restauration mais pour les activités de lingerie/buanderie de deux ESAT (Etablissement et Service d’Aide par le Travail) L’un à Eygurande pour traiter notamment le linge du centre hospitalier d’une capacité de trois cents malades, l’autre à Bort Les Orgues pour le linge de deux cliniques et des maisons de retraite alentours. Chaque lingerie traite entre trois cents et quatre cents tonnes de linge par an. Nous avons, sur ces activités, des besoins très stables d’eau chaude tout au long de l’année et surtout des besoins très importants. Nous avons étudié la possibilité d’un système de récupération de chaleur sur les eaux grises mais cela apparaît trop complexe, trop cher. Le solaire thermique semble s’imposer comme la solution privilégiée. Les études le diront » indique pragmatique Michel Vergne qui rappelle que la directrice générale de la fondation Catherine Joubert a inscrit au rang des priorités de la fondation le développement durable. Dans ce cadre, il est bien évident que le solaire thermique représente une composante essentielle dans la palette des choix énergétiques de la fondation. Et Michel Vergne de formuler à ce titre un regret ! Celui de voir que les opérateurs énergétiques majeurs de gestion et d’installation de solutions énergétiques du pays ne suscitent pas ou alors trop peu l’utilisation des énergies renouvelables. « Nous sommes preneurs d’un peu plus de pédagogie sur le solaire. Ses modalités, son suivi, son entretien. Les grandes entreprises du secteur demeurent trop frileuses sur ses questions » conclut-il. Un penchant peut-être à la facilité !

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