Une « Conférence environnementale » tous les ans pour se donner une feuille de route claire et dresser un état des lieux des avancées, telle est la promesse du gouvernement. Cinq ans après le Grenelle de l’Environnement, alors que les enjeux écologiques ne sont toujours pas traités avec l’attention et la gravité méritée, ce nouveau rendez-vous ne pourra pas faire l’économie d’une forte ambition, rapidement suivie d’actes concrets. Déterminée à porter cette nécessité les 14 et 15 septembre prochains aux tables rondes de la Conférence environnementale, la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme (FNH) a identifié 5 mesures d’urgence, applicables dès 2013, ainsi que 12 grands chantiers pour le quinquennat.
La France à la traîne et ses institutions obsolètes
Derrière la crise économique et financière, derrière les conséquences sociales dramatiques, doit-on encore rappeler la réalité d’une planète à bout de souffle :
-Une surconsommation d’énergie qui renforce les émissions de gaz à effet de serre, nous emmène vers un réchauffement de 3°C à 4°C d’ici la fin du siècle et participe à l’amplification de la précarité énergétique.
-Une biodiversité qui s’appauvrit : en France, à cause de l’artificialisation des sols, de la fragmentation des territoires et des activités humaines ; au Sud, en raison de la logique économique qui encourage la destruction des forêts tropicales, des océans et cours d’eau.
-Un modèle agricole inégalitaire qui rémunère difficilement ses paysans, appauvrit les sols, amplifie les émissions de GES
« Autant d’enjeux, souvent gommés ou sacrifiés sur l’autel du court terme, qui pourtant, nourrissent et amplifient ce que l’on appelle la crise », note Dominique Bourg, vice-président de la FNH. « Face à cela, nous sommes confrontés à des institutions incapables de se projeter pour enrayer les difficultés. Il faut imposer une vision de long terme, indispensable à une action politique ambitieuse. »
5 mesures d’urgence et 12 chantiers de long terme pour engager la transition écologique
« Intransigeante sur ses attentes, la Fondation Nicolas Hulot ne se satisfera pas d’ajustements à la marge », précise Benoit Faraco, porte-parole de la FNH. « La conférence environnementale se doit de poser les bases d’un nouveau modèle de société. Nous ne sortirons du marasme économique qu’avec un lot de mesures structurantes, permettant de relancer l’emploi, de lutter contre la précarité, et de réduire notre impact sur l’environnement ». La Fondation en identifie cinq prioritaires :
1. Créer une banque de la transition écologique qui pourrait être dotée de 3 milliards d’Euros dès 2013. Elle serait alimentée par plusieurs sources comme la suppression des niches fiscales défavorables à l’environnement, le fléchage d’une partie de l’épargne (livret A ou LDD ?), ou encore les recettes issues de la vente des quotas d’émissions de CO2. Elle permettrait aux entreprises, aux ménages et aux collectivités d’accéder à des financements pour leurs projets écologiques. Elle pourrait, à l’image des autres banques, se refinancer auprès de la Banque Centrale Européenne pour financer la transition écologique.
2. Un moratoire sur l’exploitation des énergies fossiles non conventionnelles
3. Financer la rénovation de 400 000 logements de ménages en précarité énergétique en 2013
4. La Division par 2 des subventions à la pollution d’ici 2017
5. Zéro artificialisation nette des terres en 2020
La FNH met également l’accent sur douze chantiers à mener en priorité. Parmi ceux-ci, le chantier 4 qui a pour objectif de réformer le tarif d’achat pour le rendre plus simple, et y inclure des critères environnementaux et sociaux afin de privilégier le développement de filières européennes de production. Malgré des engagements ambitieux en matière de développement des énergies renouvelables, la France souffre aujourd’hui d’une absence de projet industriel de grande ampleur permettant de capitaliser sur les bénéfices économiques du développement de ces filières, tout en augmentant la résilience de son mix énergétique et en réduisant ses émissions de gaz à effet de serre. Les variations de l’engagement politique dans les mécanismes de tarifs d’achat ont en effet mis en difficulté les acteurs économiques des différentes filières, tout en questionnant notre capacité à atteindre, voir à dépasser notre objectif de 23% d’ENR dans la consommation finale en 2020.