Tribune/ Un plan de relance vert après le Covid ? Misons enfin sur le solaire résidentiel !

par David Callegari, Directeur Général d’In Sun We Trust

Dans cette période d’incertitude généralisée, une chose semble sûre : pour éviter l’effondrement, notre économie va avoir besoin d’un plan de relance d’une ampleur historique. Si ce diagnostic fait l’unanimité, un point continue de nourrir le débat : quelle couleur aura ce plan de relance ? Sera-t-il “gris”, basé sur l’économie d’hier, l’usage massif des énergies fossiles et fissiles ? Ou sera-t-il “vert”, accélérant la transition écologique et énergétique qui s’amorce timidement sur le continent européen ? Les prises de position abondent dans cette direction. Elles viennent notamment des 150 citoyens de la Convention pour le climat, mais aussi d’une coalition inédite de Ministres de l’environnement, d’eurodéputés et d’acteurs de la société civile.

Le ralliement de la France et de l’Allemagne à cet appel est de bon augure pour ses chances de succès. Permettons-nous donc une bouffée d’optimisme en ces temps difficiles, et partons du principe que les tenants d’un “New Deal écologique” l’emporteront. Reste une question essentielle à trancher : où portera l’effort. Et s’il était temps de s’intéresser à un secteur souvent négligé par les politiques publiques : le solaire photovoltaïque pour les particuliers (ou “solaire résidentiel”) ?

Premier point positif : le solaire résidentiel créera de l’emploi dans les filières du BTP, fragilisées par la crise. Le secteur du photovoltaïque, dans son ensemble, est intensif en création d’emplois. Aux Etats-Unis par exemple, la filière solaire emploie déjà plus de personnes que le charbon, le nucléaire et l’éolien réunis. Mieux encore : parmi les différents segments du photovoltaïque, le segment résidentiel est le plus fécond en termes d’emplois créés. Selon un récent rapport de Solar Power Europe, le solaire sur toitures employait en 2016, à capacité installée équivalente, 50 % de personnes en plus que les grandes centrales solaires au sol. On parle ici d’emplois d’installation, de conception, de maintenance – autrement dit, des emplois qui sont par essence non-délocalisables. Donner un coup de fouet au solaire résidentiel renforcera donc le tissu français d’artisans et de PME du bâtiment, durement touché par la crise du Covid-19.

Deuxième point positif : le solaire résidentiel est un débouché idéal pour l’épargne des Français. La crise qui se profile réduit nettement leurs options d’investissement. Le placement préféré des Français, l’assurance-vie, est en péril. Et l’immobilier ne pourra plus jouer le rôle de valeur refuge. Le risque est donc de voir les Français se constituer une “épargne de précaution”, endormie sur les comptes courants et le Livret A. Risque bien réel puisque l’on constate déjà une hausse de 50 % des dépôts sur les livrets en mars 2020, par rapport à l’année précédente. Ce qui a fait dire à Bruno Le Maire : “ce n’est pas d’épargne dont nous avons besoin aujourd’hui pour notre économie, mais d’investissement”.

Dans ce contexte, le photovoltaïque constitue un “investissement de précaution” très adapté à ces temps de crise – et d’opportunité écologique. En autoconsommant leur production d’électricité renouvelable, les Français se protègeront des inévitables hausses de tarif du nucléaire. Ils réaliseront également un placement particulièrement rentable, puisque les rendements d’une installation vont de 6 à 10% annuel, net d’impôts. Bref, le Gouvernement réaliserait une excellente opération en mettant le solaire résidentiel au cœur d’un plan de relance “vert”. Soutenir une filière intensive en emplois locaux, tout en fournissant une possibilité d’investissement rentable et écologique.

Le plus beau dans tout cela ? L’impact sur les finances publiques sera négligeable car les incitations actuelles (prime autoconsommation, TVA réduite, rachat du surplus non-consommé) sont suffisantes. Le véritable problème c’est que ces aides sont fragmentées, illisibles. Résultat, les Français ne sont que quelques milliers à passer à l’acte. Dès lors, il suffirait uniquement de simplifier et concentrer ces aides.

La prime à l’autoconsommation ne serait plus versée sur 5 ans, mais à 100 % dès la première année. Le surplus d’électricité non-consommé ne serait plus racheté par l’Etat, mais injecté gratuitement sur le réseau. La TVA réduite serait supprimée. Avec les économies réalisées, la prime à l’autoconsommation serait revalorisée, devenant ainsi plus incitative. Nous proposons qu’elle soit strictement proportionnelle à la puissance de l’installation photovoltaïque, afin d’éviter des effets de seuil absurdes. Les particuliers installeraient ainsi le nombre de panneaux adapté à leur consommation d’électricité, une approche beaucoup plus intuitive que l’approche actuelle. Enfin, nous suggérons que le photovoltaïque devienne éligible à l’éco-prêt à taux zéro (éco-PTZ), ce qui permettra de rendre cette solution plus accessible. Beaucoup de Français sont aujourd’hui découragés par l’investissement initial, qui n’est pas à la portée de toutes les bourses.

Ainsi, en simplifiant et en concentrant les aides existantes, l’Etat enverra un signal assez fort pour qu’il soit largement entendu. “Il est probable que les consommateurs auront des comportements attentistes, et qu’il faudra donc inciter la demande”. Bruno Le Maire l’a bien compris. Reste à passer de l’analyse à l’action.

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