Actualités/ Et si l'avenir de Nexcis passait par la start-up Crosslux !

Créée en juin 2011 par Marc Ricci et Pierre-Yves Thoulon, la start-up Crosslux installée près d’Aix-en-Provence et spécialisée dans le développement de vitrages photovoltaïques producteurs d’électricité via la technologie du CIGS, déposera le 31 août prochain un dossier finalisé pour reprendre la société Nexcis. Réponse attendue de la part d’EDF le 7 septembre prochain. En cas de bonnes nouvelles, les premiers vitrages pourraient sortir des lignes de production à fin novembre. Déroulé d’une histoire qui dispose de tous les ingrédients pour bien se terminer

Le 2 mars 2015, la fermeture de la société Nexcis, spécialisée dans la R&D sur les couches minces et installée à Rousset près d’Aix-en-Provence, est annoncée par la direction de l’entreprise. Nexcis, une filiale d’EDF, ne fait plus partie des plans de la maison mère. Le soir même, des salariés de Nexcis entrent en contact avec Marc Ricci et Pierre-Yves Thouvon, fondateurs de Crosslux, pour saisir l’opportunité de développer enfin un projet commun. La « petite » start-up avait déjà tenté de collaborer avec Nexcis. Sans succès. L’heure est peut-être venue

Crosslux, le collaboratif dans les gènes

Dès sa genèse, Crosslux a axé son développement autour du BIPV et du verre photovoltaïque transparent à forte valeur ajoutée architecturale et esthétique. Le monde du bâtiment en ligne de mire. « Notre idée de base était même d’utiliser la technologie CIGS (Cuivre, Indium, Gallium, Selenium) de Nexcis pour développer nos produits. Mais à l’époque, Nexcis était plus portée sur les modules pleins avec pour objectif d’équiper des champs solaires avec des produits à bas coûts. Il n’y a pas eu de volonté de rapprochement ». Le partenariat n’a pas eu lieu. Il en a été de même avec la société voisine SunPartner qui travaille davantage sur les solutions d’alimentation des produits nomades comme le téléphone notamment avec sa solution Wysips. Crosslux a donc poursuivi seule son chemin. A regret. « Nous sommes une petite boîte. Nous sommes obligés d’être un minimum collaboratif. Nous avons cela dans nos gènes » confie Pierre-Yves Thouvon. Les dirigeants/fondateurs de Crosslux ne sont donc pas restés insensibles aux approches des salariés de Nexcis aux heures vespérales de ce 2 mars 2015. D’autant que Nexcis avait déjà commencé sa mue lors de l’année 2014 vers des produits semi-transparents plus orientés vers le bâtiment donnant plus de pertinence encore à ce rapprochement. La complémentarité entre les deux entreprises fait sens. Nexcis maîtrise parfaitement la technologie du CIGS en amont avec une fabrication rapide et de qualité loin du savoir-faire de Crosslux en la matière. Certains modules auraient même atteint des rendements autour des 15%. Pour la transparence, Nexcis et Crosslux appliquent deux technologies distinctes. Crosslux réalise des « trous » au moment du dépôt du CIGS sur le verre, alors que Nexcis dépose le CIGS avant de pratiquer des ablations au laser. Autour d’un même objectif : laisser filtrer la lumière pour faire de ces modules des produits pour la façade.

Deux étapes : se focaliser sur le BIPV et fusionner les deux technologies

Au cÅ“ur de l’été, mi-juillet, Marc Ricci et Pierre-Yves Thouvon ont déjà déposé un premier dossier auprès de la direction de Nexcis, un business plan qui montre les grandes lignes du projet, sur quel marché opérer, comment l’attaquer, avec combien de personnes « Deux étapes se dessinent clairement : se focaliser uniquement sur le BIPV semi-transparent et propulser les produits Nexcis dans les canaux de marché que nous avons ouvert dans le monde du bâtiment puis dès 2016, entreprendre la fusion de nos deux technologies pour rendre le produit plus attractif encore » poursuit Pierre-Yves Thouvon. Au sein de Nexcis qui a signé un PSE début juillet, une trentaine de personnes est intéressée par le projet sur les 77 personnes que compte la société. Ces salariés pourraient profiter de leur supplément de primes pour abonder aux fonds propres de l’entreprise à hauteur de 400 000 euros. Les apports financiers pour la reprise de Nexcis passent aussi par la nouvelle levée de fonds actuellement en cours pour Crosslux et qui devrait être bouclée en octobre pour un montant de 2,5 millions d’euros. Quatre autres millions, dont deux très rapidement en avance remboursable et en subventions, pourraient être apportés dans le cadre du PSPC (Projets Structurants Pour la Compétitivité) avec la DGE et la BPI.

Objectif : 100 000 m² par an en 2020

Le dossier finalisé de la reprise de Nexcis par Crosslux sera déposé avant le 28 août pour une réponse attendue de la part d’EDF le 7 septembre prochain. Trois projets seraient en concurrence, sans aucune certitude car rien n’a filtré du côté de l’opérateur national. En revanche, ce qui est pressenti dans le cas d’une issue favorable pour l’un des acteurs, serait la mise à disposition quasi gracieuse de l’usine de Rousset et de la propriété intellectuelle – les brevets de la part d’EDF pour une durée de trois ans. Une intéressante sortie par le haut pour le groupe public à quelques semaines de la COP 21. En tous les cas, Crosslux est dans les starting-blocks en cas de réponse positive. L’agenda est calé. Le 14 septembre, les salariés auront à se positionner. Le 30 septembre, Nexcis fermera ses portes pour repartir le lendemain, le 1er octobre pour une nouvelle aventure avec à sa tête une nouvelle équipe dirigeante. « Si tout va bien, nous prévoyons six semaines pour tout redémarrer et sortir les premiers vitrages dès la fin novembre » assure Pierre-Yves Thouvon. Aujourd’hui, l’usine de Rousset produit 400 m² par an. Crosslux compte faire passer le rythme à environ 400 m² par mois avec à la clé une embauche de neuf techniciens. La montée en régime s’annonce délicate sur une ligne pilote spécifique à la R&D et non dédiée à la production. « A moyen terme, nous devrons remettre de l’investissement pour monter une usine raisonnable dès 2017 et pour parvenir à notre objectif de 100 000 m² par an 2020 soit une quinzaine de MW, une petite unité dans le domaine. L’idée est ensuite de répliquer le concept à l’international en 2018 en Chine, en 2019 au Brésil et en 2020 au Moyen-Orient » admet Pierre-Yves Thouvon.

Appréhender le monde du bâtiment

Quid de l’aval, l’un des ponts clés du projet ? Car il faut bien en effet écouler ces produits du bâtiment dans un secteur d’activité soumis à une forte inertie pour ce qui est de la nouveauté. Sur ce point, les fondateurs de Crosslux comptent s’appuyer sur les compétences et l’expertise de Germain Gouranton de TCE Solar, société dans laquelle ils prendraient même des participations. « Cela ne peut pas marcher sans cela » assène Pierre-Yves Thouvon. Crosslux est ainsi sur le point de finaliser un partenariat avec Bouygues Construction qui devrait installer une certaine volumétrie de modules à un prix fixé afin d’occuper le marché et d’amorcer la pompe. Des contacts avec d’autres majors comme Vinci et Eiffage devraient suivre pour pérenniser ce marché du BIPV et du photovoltaïque en façade qui s’imposera, quand l’heure des Bâtiments à énergie Positive (BePos) sera venue, des nouvelles tours parisienne à taille humaine à celles vertigineuses de Dubaï. Et si l’avenir de Nexcis passait par Crosslux !
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